De la conscience …

La pratique de l’équitation engendre plusieurs niveaux de lecture. Et ceux-ci se développent et sont accessibles au fil de l’évolution du niveau de conscience du cavalier. Car en réalité tous nos faits, gestes, pensées et paroles sont tributaires de notre niveau de conscience qui se modifie par l’expérience émotionnelle. Et l’équitation n’échappe pas à cette règle. Le premier pas est bien souvent motivé par l’attrait du cheval, animal mythique dont la présence et la collaboration avec l’homme sont inscrits dans notre mémoire collective. Et puis le cheval incarne la nature fondamentale vers laquelle chacun aspire dans un but de ressourcement conscient ou inconscient. Et puis, il y a le plaisir de monter, la joie de communier avec cet animal si impressionnant qui procure également cette sensation d’aventurier et de conquérant des temps anciens. Mais au-delà de cette lecture littérale et horizontale, nous trouvons un chemin de développement personnel, un enseignement de la vie et de ses valeurs et une transmutation de l’état de conscience par la révélation de notre personnalité et de ses mystères transcendantaux. Car le cheval est également notre miroir. Il suffit de regarder un cavalier à cheval pour découvrir sa personnalité profonde et son caractère à travers ses attitudes. Ainsi, pour le cavalier qui sait s’observer et s’analyser, le cheval est un révélateur. Je pense à cet élève qui occupe une fonction de management dans son cadre professionnel et qui me disait que son regard sur ses collaborateurs et ses attitudes dans la gestion du personnel ont profondément changé depuis qu’il pratique l’équitation et surtout depuis qu’il a acquis son propre cheval avec lequel il apprend peu à peu à tisser une relation basée sur l’amour, le respect et la confiance. Car en effet, le cheval ne s’exprime pas par un langage verbal mais il envoie une foule d’informations au cavalier qui sait faire abstraction de son égo en se mettant à l’écoute. Ces communications sont non-verbales et se traduisent par des informations émotionnelles. Car le cheval ne parle pas à l’égo ni au mental, mais à l’inconscient du cavalier en s’adressant au centre des émotions. Aussi, la pratique de l’équitation devient un chemin alchimique lorsque le cavalier accepte de lâcher-prise, cesse de conceptualiser, abandonne son égo pour se mettre à l’écoute de son inconscient. C’est cela la magie de l’équitation. Beaucoup de cavaliers n’en sont pas conscients et se contentent du seul plaisir de monter à cheval et du bonheur engendré par le contact avec cet animal d’exception. Ainsi, quand survient l’équilibre à la fois physique et psychologique, nous assistons à une modification de l’état de conscience qui se traduit par un bonheur et un bien-être indescriptible. Dans la pratique, cet état survient quand le cavalier est positionné dans l’axe de rotation de la Terre et que le cheval est placé dans l’axe de l’équateur. Symboliquement, le couple cheval-cavalier incarne ainsi la temporalité, l’un représentant la matérialité et l’autre la spiritualité. L’équitation devient ainsi un chemin initiatique et de développement personnel. C’est pourquoi, la notion d’équilibre ne peut être conceptualisable ni négociable car il est ou n’est pas. Et quand le point de grâce est atteint, seul l’état de conscience dénué de toute conceptualisation permet de donner la certitude de la vérité de l’instant. Le piaffé en est l’un des symboles. Dans cet air de haute-école, le cheval en équilibre est léger, sans tension. Et comme le disait François Baucher, il met toute sa force et toute son énergie à la disposition du cavalier. Et c’est divin …