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Dresser ou éduquer …

Toute la relation avec le cheval s’appuie sur cette notion, sur ce choix fondamental. Et force est de constater que la plupart des traités d’équitation portent quasi exclusivement sur des notions techniques ou biomécaniques. Et de fait, l’intelligence, la sensibilité et les capacités cognitives des chevaux demeurent quasi systématiquement ignorés.

Or en réalité, avant seulement d’approcher un cheval, cette question cruciale devrait trouver réponse auprès de chaque cavalier. Car toute la relation avec l’animal et tous les résultats en dépendent.

Qui sont les humains pour imaginer pouvoir ressentir ce qui se passe dans le corps du cheval ? Mais quelle grandiloquence et quel orgueil démesuré ! Et au risque de le rappeler, l’orgueil est la dignité des nuls !

Car les humains ne sont ni quadrupèdes, ce qui les empêche d’accéder à la conscience d’un corps réparti sur les quatre membres et de surcroit ils ne disposent ni des sens auditifs, ni olfactifs, ni visuels, ni sensitifs du cheval, ni encore de son instinct d’espèce, ni de ses capacités d’analyse, ni de sa mémoire. Ces éléments composent sa conscience propre totalement différente de la conscience humaine qui présente en plus la capacité de conceptualiser avec un mental en constante effervescence. Ainsi la perception des sens, l’analyse des événements à l’instant et les attitudes qui en découlent ne peuvent être conscientisés par les humains. De surcroit, le mental ne sait faire qu’une seule chose à la fois, même s’il est capable d’interpréter vingt cinq informations successives par seconde voire plus. Ce fait donne aux humains l’illusion d’un film, d’une bande continue alors qu’en réalité nous ne vivons qu’une succession d’images globales interprétées individuellement par le mental et classifiées par ordre d’importance au prorata des émotions associées à chaque information et à chaque événement.

Et là réside une différence fondamentale car si les humains disposent de cette capacités à focaliser leur attention sur un sens ou sur une perception, les chevaux quant à eux demeurent dans une perception périphérique et panoramique constante.

Deux états de conscience différents que ni l’un ni l’autre ne peuvent appréhender car la conscience représente la somme des perceptions associées à l’instinct, au niveau de sensibilité, aux capacités cognitives, au niveau de conscience intellectuel et à la qualité des émotions produites par chaque information. Et si le cheval analyse, l’humain conceptualise. Et là se trouve toute la différence qui fait naître toutes les divergences, les erreurs et les souffrances.

Même si étymologiquement l’idée de dresser induit la notion d’ériger, de tendre vers le haut, vers l’excellence, tout repose en réalité dans sa compréhension individuelle et dans son application par les faits.

Pour toutes les raisons évoquées précédemment, aucun humain ne peut percevoir les sensations du corps du cheval. Toutes les approches techniques induisent systématiquement une correction et une compensation de la part du cheval. Par exemple, une posture qui pousse le cheval sur les épaules va l’obliger à compenser physiquement. Il effectue tout cela en silence, son corps contrôlé par son système nerveux autonome, donnant raison à chaque cavalier. Car si le cheval n’utilise pas de langage verbal, il n’en demeure pas pour autant moins loquace. Et il appartient aux humains d’apprendre à parler et à comprendre la langue cheval. Ce que certains effectuent de manière intuitive et innée peut désormais être appris. Et nous savons par expérience qu’en entrant dans le chemin de la communication intelligente, nous ouvrons un cercle vertueux dont les effets et les conséquences optimisent nos relations individuelles, nos capacités et nos performances.

Ainsi, la notion d’équilibre doit être interprétée par l’angle des sciences universelles. Physiquement le seul équilibre qui ait du sens et qui soit indiscutable est celui qui répond à la loi de gravitation chère à Newton. Car chaque cheval dispose d’une morphologie différente et d’un esprit spécifique. Chaque Être est unique. Cet équilibre absolu annule toute force d’opposition. Cet état modifie l’état de conscience du cavalier qui découvre ainsi des impressions inédites de légèreté de son propre corps, de fluidité dans le mouvement en avant, de rectitude absolue. Il se trouve alors dans un quasi état de lévitation qui transcende tant son corps que son esprit dont la multitude des informations positives et vertueuses perçues lui montre par les sensations une certaine image de la plénitude absolue et de l’équilibre universel entre corps et esprit. Ces perceptions peuvent être obtenues dans chaque allure et dans chaque mouvement du cheval. Le piaffe en suggère une expression absolue à condition que le cheval soit libre de mouvement et d’esprit. Toute la démarche équestre dans sa vision extérieure repose sur cette quête d’équilibre, de rectitude et d’impulsion.

Et pour l’obtenir, les sciences de la zoosémiotique et du langage animal nous proposent aujourd’hui de nous adresser à l’intelligence, à la sensibilité et aux capacités cognitives des chevaux. Celui-ci est accessible à tout un chacun. La plus grande difficulté consiste à commencer. Et cela change absolument toute la relation à l’équitation et au cheval. Toute coercition n’est que la preuve d’une forme d’ignorance.

Ainsi découvrons-nous par ce langage un chemin éducatif. Mais celui qui fait l’objet de l’éducation n’est pas celui que l’on pense. Car c’est aux humains d’apprendre à parler la langue cheval. Les chevaux connaissent les humains bien mieux que les humains ne connaitront jamais les chevaux. Ce langage binaire non verbal potentialise les relations et les performances. Il s’appuie sur deux principes universels : le Respect et l’Amour.

Deux termes en voie de disparition dans une société dans laquelle les individus consomment avec frénésie et égoïsme les objets de leur temporalité et agissent de même dans leurs relations à autrui, ne prenant que ce qui les intéresse dans une abnégation absolue de l’Amour.

L’équitation est l’héritière de la chevalerie. Et la chevalerie est l’école des gentilshommes et des nobles dames.

En réalité, une équitation consciente et respectueuse nous rend meilleurs. Elle révèle nos forces et nos faiblesses. Elle donne du sens au mot « Intelligence ».

Comprenne qui voudra …



Francis S. STUCK


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